avril 22, 2025

Photovoltaïque, illusion verte ? Quand la technologie déracine le vivant

Facebook
LinkedIn
Email

Table of Contents

Préambule

Cet article est destiné à servir de ressource pour tous les habitant·es, professionnels et riverain·es concerné·es par la pression croissante du business photovoltaïque sur leurs terres et leurs territoires.

J’invite chacun·e à y puiser une compréhension plus fine de ce que le narratif de la transition énergétique véhicule avec lui, pour pouvoir choisir en conscience ce que nous acceptons, ou non, sur nos terres.

Et, peut-être, à faire germer les graines de nouveaux imaginaires énergétiques collectifs, réellement au service des individus, de l’humanité et du vivant.

Et si l’on se trompait de lumière ?

Le photovoltaïque est devenu un symbole fort de la transition énergétique.
Une solution soi-disant propre, renouvelable, sans émissions.
Une évidence, pour beaucoup.

Notamment pour les développeurs de parcs, qui opèrent un véritable hold-up sur nos campagnes.
Partout, des morceaux de vivant cèdent la place à de larges plaques noires, issues d’une chaîne d’extraction lointaine, parfois nourrie de terres rares.

Derrière cette lumière flatteuse, promesse d’économie ou de rendement, se cache une ombre bien tangible — que les sensibles perçoivent déjà : lieux éteints, habitats qui ne régénèrent plus, relations dévitalisées.

Dans cet article, j’invite à ouvrir d’autres perspectives sur ce qu’on appelle “transition énergétique”.

Dans une première partie, j’explore les impacts invisibles, mais bien réels des installations photovoltaïques : sur les maisons, les terres agricoles, les plans d’eau, les postes sources. Mon regard est celui d’une géobiologue à l’écoute des lieux, formée à sentir ce que l’œil ne voit pas.

Dans une deuxième partie, nous plongerons dans les grilles de lecture qui justifient ces projets : les diplômes verts, l’entrepreneuriat à impact, les promesses de solutions technologiques et la déconnexion profonde du vivant que révèle souvent cet enthousiasme pour le “progrès”.

Enfin, dans une troisième partie, je propose de réensauvager nos imaginaires énergétiquesNon pas pour revenir en arrière. Mais pour réinventer notre rapport à l’énergie à partir de ce qui est vivant, subtil, relié. Pour convoquer la sagesse des lieux, la créativité enracinée, et des formes d’écologie lente, intérieure, incarnée.

Ce dossier est une invitation.
A ralentir.
À ressentir.
Et à repenser la transition énergétique depuis le vivant — et non simplement en son nom.

Partie I — Territoires en tension : ce que le photovoltaïque dérègle

Regard de géobiologue sur la question du photovoltaïque.

Nous parlons souvent de transition énergétique en termes de production, de rendement, d’empreinte carbone.

Rarement en termes de qualité des lieux, de relation au vivant, ou d’équilibre subtil entre les mondes visibles et invisibles.

Or chaque installation solaire, quelle que soit sa taille, impacte un territoire, non seulement dans sa géographie, mais aussi dans sa mémoire, sa vibration, son rôle dans les cycles du vivant.

Les projets industriels, même estampillés “verts”, peuvent dérégler profondément les tissus sensibles d’un lieu : ses flux, ses rythmes, ses silences.

C’est à cette échelle-là que j’ai choisi d’observer.

À hauteur de sol, à l’écoute des lieux, des corps et des relations.

Je perçois des habitats qui se ferment, des sols qui s’éteignent, des zones de vie qui se figent, là où l’on pensait simplement “produire de l’énergie”.

Dans cette première partie, je vous propose une lecture sensible des impacts invisibles du photovoltaïsme industriel — sur les maisons, les plans d’eau, les terres agricoles, et les zones d’implantation des postes sources.

Pas pour faire peur.

Mais pour nommer, révéler et ouvrir une autre manière de penser la transition.

Sous les panneaux, la fracture énergétique des lieux

Le photovoltaïque est souvent présenté comme une solution évidente à l’urgence climatique. Mais peu se demandent ce que ces installations provoquent sur le vivant, au-delà des indicateurs de performance énergétique.

La géobiologie est une approche sensible et énergétique de l’habitat et des territoires.

Elle observe la manière dont les lieux interagissent avec les êtres vivants — à travers les réseaux telluriques, les champs électromagnétiques, l’histoire inscrite dans la terre, et les mouvements subtils qui traversent un lieu, y compris ce qu’on appelle parfois les présences subtiles : esprits du lieu, énergies invisibles, mémoires, ressentis fins.

C’est une manière d’écouter ce que les lieux nous disent, au-delà de ce que l’œil voit, et de prendre en compte les effets souvent ignorés des pollutions agro-industrielles, qu’elles soient chimiques, électromagnétiques ou vibratoires, sur la santé des humains comme des non-humains.

Pour faire un résumé synthétique des effets géobiologiques, je dirais que le photovoltaïque modifie profondément l’équilibre énergétique des lieux.

Il coupe des flux, déplace les réseaux cosmo-telluriques et déracine des mémoires.

Les sols perdent leur vitalité. Les habitats cessent de soutenir le vivant.

Les présences subtiles, végétales, animales, humaines ou invisibles, se retirent. Les lieux perdent en beauté, en charme et en vie.

Effets de panneaux sur les toits des maisons

man in white dress shirt and blue denim jeans sitting on white and black solar panel

L’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures génère des perturbations souvent invisibles, mais bien réelles. Les onduleurs, chargés de convertir le courant continu en courant alternatif, émettent des champs électromagnétiques qui peuvent se propager dans l’habitat, surtout si les câbles ne sont pas blindés ou si la mise à la terre est insuffisante. 

Cela conduit à un phénomène de “courant sale” : des micro-perturbations électriques de haute fréquence qui se diffusent dans tout le réseau domestique, même sur les circuits non utilisés. Il agit comme un bruit de fond électrique permanent, perceptible énergétiquement par les êtres sensibles — humains comme non-humains.

Lorsqu’il n’y a pas de blindage adéquat, ni de filtre CPL, ces perturbations se diffusent dans l’ensemble de l’habitat. Le champ électrique s’amplifie et s’ajoute aux déséquilibres déjà provoqués par les panneaux sur les plans telluriques.

Au niveau subtil, ces installations perturbent les réseaux naturels du sol (Hartmann, Curry, veines d’eau souterraines), déplacent les zones de repos, et modifient les circulations d’énergie fines du lieu.

Je rencontre souvent, dans ces maisons, des personnes épuisées, nerveuses, qui dorment mal depuis l’installation des panneaux sur le toit ou dans le jardin.

Certain·es ressentent une oppression diffuse, une agitation corporelle, une difficulté à se poser, même dans des pièces autrefois apaisantes.

Les symptômes les plus fréquents :

  •  troubles du sommeil, fatigue chronique, sensation de brouillard mental, baisse de vitalité
  • nervosité, irritabilité,
  • perte d’harmonie dans la circulation énergétique du lieu.

Le lieu n’accueille plus. Il dérange. Il disperse.

Comme s’il avait perdu sa capacité à envelopper et à soutenir.

Il n’est plus un refuge, mais un champ de tension.

Effets de panneaux sur les plans d’eau

centrale solaire flottante de Lazer, dans les Hautes Alpes

Les installations photovoltaïques flottantes, de plus en plus courantes sur les étangs, les retenues agricoles ou les lacs artificiels, génèrent des perturbations profondes, visibles, énergétiques,et subtiles.

L’eau est un régulateur naturel.

Elle capte, transmet, et redistribue les informations vibratoires d’un lieu.

Lorsqu’on la recouvre de panneaux, on bloque non seulement la lumière, mais aussi les échanges énergétiques verticaux entre le ciel et la terre.

Ce sont ces flux,  parfois imperceptibles, qui nourrissent l’équilibre de tout un territoire.

Même lorsqu’il s’agit de plans d’eau anthropisés, comme le lac de Peyralade près de Roquecor, créé il y a quarante ans pour l’irrigation, le lieu a développé au fil du temps sa propre identité énergétique.

Ce lac, situé en zone rurale, est devenu un espace de balade et de ressourcement très fréquenté. Un centre de retraite holistique s’est même ouvert à proximité, signe que le lieu avait acquis une qualité vibratoire ressentie et recherchée.

À quelques centaines de mètres, une terre voisine accueille des ruches. Les abeilles, ultra sensibles aux champs électromagnétiques et aux modifications vibratoires, peuvent réagir fortement à l’installation d’une ferme solaire : désorientation, affaiblissement des colonies, baisse de la vitalité globale du rucher.

Lorsque l’harmonie du lieu est rompue, c’est toute la chaîne du vivant qui se dérègle.

Recouvrir ces eaux d’une ferme solaire, c’est effacer ces liens subtils, couper la résonance du lieu, et introduire une pollution vibratoire et électromagnétique dans un espace qui soutenait jusque-là le vivant sous toutes ses formes — humaines, animales, végétales et invisibles.

Les onduleurs et câblages associés à ces fermes flottantes diffusent un courant sale, amplifié par la conductivité naturelle de l’eau.

Ces perturbations circulent bien au-delà du périmètre technique du projet. Elles affectent la faune, les plantes aquatiques, les micro-organismes, les habitants… et les abeilles.

Les effets observés dans les lieux qui accueillent déjà de telles installations :

  • baisse d’oxygène dans l’eau
  • stagnation ou appauvrissement de la biodiversité aquatique
  • troubles du sommeil ou inconfort chez les personnes sensibles
  • perturbations dans les zones de ressourcement ou de pratiques méditatives
  • altération du microclimat local,
  • fragilisation des ruches et déséquilibres dans la pollinisation.

 

Ces plans d’eau, souvent considérés comme “non exploitables”, jouent pourtant un rôle fondamental dans la régulation énergétique d’un lieu.

Quand ils sont recouverts, le vivant se rétracte.

Les éléments ne dialoguent plus.

Ce qui était source devient surface morte.

Effets de panneaux sur les terres agricoles

L’implantation de fermes photovoltaïques sur des terres agricoles s’intensifie.

Elles s’étendent sur plusieurs hectares, parfois en zone naturelle, parfois sur des terres encore cultivées — présentées comme “pauvres”, “non utilisées”, ou “peu rentables”.

Mais toute terre a une fonction, visible ou invisible.

Ces installations modifient en profondeur l’équilibre énergétique du sol.

Les panneaux perturbent les réseaux telluriques, inversent les polarités naturelles, génèrent des zones de tension où le vivant ne circule plus.

À cela s’ajoutent les câbles, les onduleurs, les armoires électriques, les clôtures électrifiées ou grillagées : tout un dispositif technologique qui déracine la relation entre la terre et le ciel.

Le courant sale, généré par les infrastructures électriques, se propage à travers le réseau enterré.

Il crée un bruit de fond électromagnétique qui affecte les plantes, les micro-organismes du sol, les animaux — et les personnes qui travaillent ou vivent à proximité.

Les effets observés ou ressentis :

  • sols appauvris ou compactés,
  • baisse de la vitalité des cultures proches
  • baisse de la biodiversité microbienne des sols
  • comportement inhabituel du bétail,
  • perte d’élan dans les lieux de vie voisins
  • dérèglement vibratoire du paysage.

Les champs photovoltaïques fragmentent aussi la continuité écologique : ils empêchent la circulation des animaux, rompent les corridors de pollinisation, génèrent des îlots d’exclusion où la vie peine à passer.

Même en l’absence de béton, même si les structures sont dites “réversibles”, le traumatisme énergétique est bien réel.

Une terre cultivée porte une mémoire d’usage, un ancrage relationnel.

Lorsqu’elle est recouverte de métal et de tension, ce lien se dissout.

Ce n’est plus une terre nourricière et vivant. C’est un sol instrumentalisé et mécanique.

Les postes sources

Situés entre les installations solaires et le réseau électrique, les postes sources sont des infrastructures stratégiques et massives (et de grande laideur!), chargées de transformer la très haute tension avant qu’elle ne soit injectée dans le réseau de distribution.

Ils représentent une nuisance supplémentaire qui accompagne les projets photovoltaïques industriels, qu’ils soient posés sur l’eau, sur les toits ou sur les terres agricoles.

Non seulement ils enlaidissent les paysages,

mais ils affaiblissent les équilibres subtils et énergétiques des lieux, avec des répercussions sensibles sur les humains comme sur les non-humains.

À Roquecor, un poste source est actuellement envisagé à l’entrée du village.

Ce type d’infrastructure, généralement mis en place par Enedis (le gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité), est présenté comme nécessaire pour intégrer les projets de production d’énergie renouvelable à venir dans la région — notamment la ferme photovoltaïque flottante prévue sur le Lac de Peyralade.

Mais contrairement à cette ferme solaire, encore à l’état de projet, le poste source est une menace imminente.

Il pourrait être installé en amont, sans concertation avec les habitant·es, et avec des conséquences profondes et durables sur la vie locale.

Ce projet pourrait être le premier domino d’un ensemble plus vaste, ouvrant la voie à plusieurs implantations industrielles dans la région.

Un poste source génère une pollution électromagnétique continue, même lorsqu’il ne dessert encore aucune installation solaire.

Il produit un champ de basse fréquence (50 Hz) — une vibration sourde, souvent inaudible, mais ressentie dans le corps et dans l’atmosphère du lieu.

Ses effets :

  • altération des réseaux telluriques,
  •  affaiblissement de la vitalité des lieux environnants,
  • perturbation des vortex naturels,
  •  troubles du sommeil, fatigue chronique, perte de repères corporels,
  • impression d’invasion énergétique, difficile à nommer, mais profondément ressentie.

Mais ce type d’infrastructure agit aussi à un niveau symbolique.

Il marque un territoire de sa laideur, impose une logique industrielle dans des lieux encore vivants.

Il trace une fracture, une rupture dans la relation entre les habitant·es, leurs paysages et leurs lieux de vie.

C’est pour cela que la lutte contre ce poste source est prioritaire.

Il est encore temps d’agir, avant que les autres projets ne s’imposent à leur tour.

Ne pas laisser entrer la première fissure, c’est préserver l’intégrité de l’écosystème — visible, sensible, subtil.

Ce que la technique oublie : le vivant

Cette première partie nous a permis d’écouter ce que les lieux nous murmurent, parfois dans le silence, parfois dans l’inconfort. De révéler l’impact profond d’une logique extractive — même lorsqu’elle se pare de vert.

Mais les lieux ne sont pas les seuls à être traversés par ces tensions.

Il y a aussi ce que nous portons, collectivement, dans notre manière de penser la transition, de faire entreprise, de croire au progrès, sans toujours interroger la nature du lien que nous tissons avec le vivant.

Dans cette deuxième partie, je propose un changement de focale.

On quitte le terrain des sols et des lignes telluriques pour plonger dans les strates mentales, culturelles et économiques qui nourrissent ce modèle.

Et si le problème ne venait pas seulement des infrastructures…

mais aussi de la grille de lecture que nous utilisons pour les justifier ?

Partie II — Changer de grille de lecture : Réparer le lien et repenser l’énergie depuis le vivant

Une jeunesse brillante, mais déconnectée du vivant

silhouette photography of man wearing cap

Les permanences d’information sur les projets de centrales solaires sont souvent animées par des “responsables de projets solaires et territoires”, généralement de jeunes ingénieur·es ou diplômé·es dans les domaines de l’énergie, de l’écologie ou de l’économie dite durable.

Une génération brillante, bien qu’ayant, pour beaucoup, délaissé leur cerveau droit.

Formée à l’efficacité, au green business, aux smart grids.

Ils et elles sont souvent sincères, engagé·es, passionné·es par l’idée de participer à la transition.

Convaincu·es de contribuer à un monde meilleur.

Séduit·es par les campagnes de communication et les promesses de recrutement d’entreprises comme

H2air, pilote du projet de station flottante sur le Lac de Peyralade.

Mais leur formation repose sur une vision technocratique du vivant : modéliser, optimiser, rentabiliser.

Leur grille de lecture est saturée d’outils de gestion de projet, de datas, de logiques systémiques abstraites.

Très peu ont eu l’occasion de se relier concrètement à un lieu, de travailler la terre, d’écouter un arbre, de se demander : comment un sol respire ?

Ils et elles conçoivent des parcs solaires et des fermes éoliennes sans jamais se poser la question du vivant non-humain — sauf peut-être lorsque des espèces protégées viennent bloquer la faisabilité du projet.

Pas par indifférence.

Mais parce qu’on ne leur a jamais appris à le voir.

Quand j’évoque la géobiologie ou l’énergie subtile d’un lieu, leurs réactions oscillent entre scepticisme poli et silence gêné.

Pas par manque d’intelligence.

Mais parce que cette réalité n’existe pas dans leur référentiel technocentré.

L’écosystème se réduit à l’installation, à la diffusion, à la revente et à l’usage de l’électricité.

La terre, l’eau, les arbres, les oiseaux, la santé des humains et des non-humains deviennent invisibles, masqués par les tableurs, les modèles et les indicateurs de performance.

Leurs formations et leurs projets reposent sur une réalité fonctionnelle, modélisable, mesurable, mais qui oublie l’essentiel.

Ce qui se ressent.

Ce qui se tisse.

Ce qui se vit.

Je ne les blâme pas.

Mais je m’inquiète.

Car ces jeunes conçoivent aujourd’hui des projets à grande échelle sans jamais avoir pris le temps d’écouter un lieu. Ils nous parlent d’urgence écologique, mais peut on vraiment sauver le vivant sans le ressentir?

En croyant bien faire, ils participent à un système qui continue d’arracher le vivant au vivant, simplement avec des outils plus “propres”.

Cette jeunesse formée aux enjeux de la transition énergétique n’est pas seule en jeu.

Autour d’elle gravitent d’autres acteurs, plus expérimentés, plus stratèges, souvent plus intéressés aussi.

Développeurs de projets, start-up de la greentech, fonds d’investissement, cabinets de conseil, plateformes de prospection foncière…

Un écosystème entier s’est structuré autour de l’énergie “verte”, avec ses codes, ses récits, ses injonctions à agir.

Et derrière les promesses de rentabilité, de compensation carbone et de participation à “la solution”, se cache parfois une réalité plus trouble : celle d’un entrepreneuriat qui, sous couvert d’écologie, perpétue les logiques extractives de la modernité.

Entrepreneuriat malveillant et greenwashing technologique

two men carrying a metal sheet

Ce que j’observe avec inquiétude, c’est que sous couvert d’écologie, un certain nombre de projets entrepreneuriaux, soutenus par des investisseurs, des institutions ou des collectivités, répètent les mêmes logiques extractives que celles qu’ils prétendent dépasser.

Des hectares de terres agricoles recouverts de panneaux.

Des forêts rasées. Des lacs partiellement privatisés.

Et tout cela s’accompagne de slogans bien rodés :

“Accélérer la transition”, “Innover pour demain”, “Déployer des solutions durables”.

Mais derrière les promesses, ce sont les mêmes dynamiques industrielles qui s’activent :

le contrôle, le profit, le rendement.

Simplement remaquillés en vert.

Et derrière les mots, il y a des effets très concrets :

  • des lieux blessés,
  • des communautés locales ignorées,
  • des paysages défigurés,
  •  des écosystèmes subtils effacés.

 

L’écologie est devenue un marché. Un secteur d’activité à part entière.

La transition énergétique sert avant tout les logiques industrielles.

Et l’entrepreneuriat “à impact” est souvent plus préoccupé par son storytelling que par les conséquences invisibles de ses actes : des projets qui tuent les sols, déracinent les territoires, étouffent les écosystèmes subtils.

Je vois avec inquiétude comment une part croissante de l’entrepreneuriat à impact glisse, parfois sans le savoir, dans une posture malveillante.

Non pas par cynisme.

Mais par ignorance des effets subtils et profonds de leurs projets sur les territoires qu’ils traversent.

Des start-ups dites “vertes” sont rapidement rachetées par des groupes du BTP ou de l’énergie, sans transformation du modèle.

Juste une couche verte sur les mêmes fondations : extraction, optimisation, invisibilisation du vivant.

L’écologie est devenue un marché, un secteur d’activité à part entière.

Et dans ce marché, l’impact se mesure trop souvent à coups de KPIs, de levées de fonds et de storytelling séduisant — pendant que les lieux se vident, que les sols s’épuisent, que les communautés locales ne sont ni écoutées, ni respectées.

Le plus pernicieux dans le greenwashing technologique, c’est qu’il se croit sincère.

Il se drape de bonnes intentions.

Mais une intention, aussi noble soit-elle, ne suffit pas à régénérer.

Le vivant n’a pas besoin d’être sauvé.

Il a besoin d’être écouté.

Il a besoin d’être aimé.

Tout n’est pas à jeter dans la technologie.

Le problème n’est pas l’outil, c’est la manière dont il est pensé, utilisé, déployé, sans relation avec ce qu’il traverse ou transforme.

Il ne s’agit pas de renier l’innovation, mais de changer d’intention, de réintégrer le vivant dans les processus de création et de décision.

Et si, au lieu de produire “propre”, on apprenait d’abord à habiter en relation ?

À concevoir non plus contre les territoires, mais avec eux.

À faire de la technologie non plus une promesse de maîtrise, mais un outil de dialogue avec les cycles, les limites, et les rythmes du monde vivant.

C’est ce que cette troisième partie propose d’explorer :

Comment réconcilier technologie et sagesse du vivant, pour passer du solaire extractif au solaire relationnel.

Même le mouvement solarpunk, pourtant né d’un désir d’imaginer des futurs désirables, poétiques et décarbonés, reste parfois pris dans les rêveries technosolutionnistes.

Son esthétique chatoyante, ses villes végétalisées et ses panneaux solaires intégrés aux architectures douces nous inspirent.

Mais rares sont celles et ceux, au sein de ce courant, qui osent questionner les effets vibratoires, électromagnétiques ou géobiologiques des technologies dites “propres”.

Le solarpunk, dans sa version mainstream, oublie parfois que l’énergie n’est pas qu’une affaire de rendement ou de beauté visuelle — c’est un lien, un souffle, un rythme.

C’est pourquoi une lecture plus incarnée, relationnelle, “deep solarpunk”, nous invite non seulement à rêver des mondes plus justes… mais à les tisser depuis une conscience vibratoire et située.

À questionner les matériaux, les chaînes d’extraction, les effets sur les corps sensibles, humains et non-humains.

À désirer autrement.

Et à faire de l’énergie non pas une ressource, mais une relation.

Réconcilier technologie et sagesse du vivant

silhouette photography of person

Il ne s’agit pas d’être contre la technologie.

Mais de reconnaître qu’elle ne peut pas tout.

Et de questionner la place qu’on lui donne, ce qu’elle vient nourrir, ou assécher.

La technologie n’est pas neutre. Elle porte l’intention de celles et ceux qui la conçoivent, la financent, l’implantent.

Elle peut raccorder, soutenir, relier.

Ou bien maîtriser, rentabiliser, couper.

Ce que nous appelons progrès n’a de sens que s’il respecte le rythme du vivant, ses cycles, ses équilibres, ses liens invisibles.

Or notre imaginaire technologique repose encore sur une vieille croyance :

que l’humain doit dominer la nature pour exister.

Et si on renversait cette croyance ?

Et si la technologie devenait une alliée relationnelle, au service de la régénération plutôt que de la performance ?

Il ne s’agit pas de revenir en arrière, ni de fantasmer un retour à la bougie.

Mais d’apprendre à écouter les lieux, à travailler en co-présence avec les écosystèmes, à concevoir des outils humblement, en acceptant que la Terre n’est pas une usine à ressources, mais un corps vivant.

De concevoir en conscience, depuis une posture ancrée, sensible, reliée.

Certaines expérimentations émergent déjà.

Des architectes à l’écoute des flux du sol.

Des ingénieur·es qui dialoguent avec les éléments.

Des artistes-technicien·nes qui tissent des dispositifs inspirés par l’eau, les arbres, les saisons.

Ce sont encore des îlots.

Mais ils montrent que la réconciliation est possible.

Une voie où l’on ne demande plus : Comment produire plus sans polluer ?

Mais : Quelle est l’énergie juste ? Et comment l’intégrer sans couper le lien ?

Ce passage-là est un basculement de paradigme.

Un retour à la sagesse des lieux, à la technologie relationnelle, à la sobriété choisie.

Certaines technologies peuvent être utiles, mais à condition d’être intégrées dans une approche située, humble, reliée.

Cela suppose de ralentir. De ressentir. De sortir de l’obsession du rendement pour revenir à la question du sens.

Il est temps de convoquer à nouveau des savoirs longtemps mis de côté :

La géobiologie, les traditions paysannes, les sciences sensibles, les pratiques énergétiques, les dialogues inter-espèces.

Il ne s’agit pas de revenir en arrière. Il s’agit de réancrer notre créativité dans une intelligence du vivant, et non dans une logique de maîtrise.

Ces savoirs ne sont pas des luxes. Ce sont des fondations.

Avant de poser un panneau, écouter le lieu.

Avant de modéliser un projet, ressentir les flux.

Avant de choisir une solution, honorer les racines.

La technologie peut trouver sa place.

Mais après la relation,

et non en l’éclipsant.

Il nous faut désormais :

  • Repenser l’énergie comme un flux en dialogue avec le lieu,
  • Intégrer la géobiologie et l’intelligence du vivant dans chaque initiative énergétique,
  • Et redonner place aux artisans, aux low tech, aux solutions enracinées et collectives.

Voilà quelques-unes des clés d’une transition régénérative, profondément ancrée dans la relation.

Partie III — Réensauvager nos imaginaires énergétiques

La suffisance : un acte radical face à la rareté programmée

you are enough text

Réensauvager nos imaginaires énergétiques, c’est aussi revisiter une notion qui fait peur dans notre société : la sobriété.

Dans l’économie capitaliste, la sobriété est perçue comme un renoncement.
Un manque. Une privation.

Mais cette peur vient d’un mythe fondateur : celui de la rareté.
Une rareté manufacturée, entretenue pour justifier l’accumulation, la spéculation, l’idée que nous ne serons jamais assez, que nous n’en aurons jamais assez.

Cette peur de manquer nous pousse à consommer toujours plus, même si cela détruit ce que nous aimons : notre foyer, notre paysage, notre santé, notre sol.

Et si nous cultivions notre muscle de la suffisance, comme nous invite Robin Wall Kimmerer, dans The Serviceberry.
La suffisance, ce n’est pas se contenter de peu, c’est reconnaître que le vivant offre déjà, en abondance, ce qui est juste, si nous savons écouter, respecter, partager.

C’est un acte radical dans un système fondé sur le toujours-plus.
C’est dire : je choisis de recevoir ce qui est suffisant, sans participer à la destruction.
C’est se libérer de la logique du manque, pour renouer avec celle de la relation.

La rareté est une construction culturelle.
Et, paradoxalement, à force de vouloir tout capter, tout rentabiliser, c’est la vraie rareté que nous produisons : celle de l’eau de qualité, des sols fertiles, des espaces vibrants.

Alors plutôt que de parler de sobriété énergétique, qui effraye le consommateur biberonné à la surconsommation, parlons de suffisance. Un sentiment qui nous évoque humblement la gratitude de ce que nous avons déjà, et nous invite à partager.

Vers une relation juste à l’énergie

Et si, au lieu de toujours vouloir produire, on apprenait d’abord à recevoir ?
Recevoir ce que le lieu offre déjà.
Recevoir l’énergie comme un don, et non comme un dû.

Car au fond, notre crise énergétique n’est peut-être pas une crise de ressources.
C’est une crise de relation.
Une perte de lien avec les cycles, les saisons, les rythmes du vivant.
Une incapacité croissante à sentir ce qui est trop, ce qui est juste, ce qui est sacré.

Nous avons laissé nos imaginaires énergétiques se faire coloniser par des récits de maîtrise, d’optimisation, de production illimitée.
Même les “solutions vertes” s’inscrivent encore, trop souvent, dans ce paradigme de contrôle.

Mais il existe d’autres récits.
D’autres manières de penser l’énergie.
Des récits, où l’on parle de flux, de résonance, de frugalité joyeuse, de cohabitation entre mondes visibles et invisibles.
Des récits, où l’écoute des lieux devient un acte politique, écologique, spirituel.

Ces récits alternatifs ne sont pas de l’ordre du rêve lointain.
Ils prennent racine, déjà, dans des choix simples :

Gestes individuels : apprivoiser l’électricité autrement

  • éteindre les veilles des appareils au lieu de les laisser en sommeil permanent
  • installer une prise à interrupteur sur les équipements électrosensibles (box, CPL, onduleur, ordinateur…)
  • débrancher le chargeur quand il ne sert pas — même vide, il consomme
  • privilégier des ampoules à lumière chaude et tamisée, et réduire l’usage des LED blanches agressives
  • installer des interrupteurs crépusculaires ou des minuteries dans les lieux de passage
  • désactiver le Wi-Fi la nuit (ou le remplacer par un câble) pour préserver le sommeil et les champs naturels
  • relocaliser les panneaux solaires, quand possible, sur une remise éloignée plutôt que sur le toit de l’habitat principal
  • limiter l’éclairage extérieur à ce qui est strictement utile (avec détection de mouvement ou extinction automatique)
  • choisir des appareils réparables et sobres, quitte à acheter d’occasion ou à mutualiser
  • utiliser la lumière naturelle le plus possible, en orientant son espace de vie selon le soleil
  • écouter son corps : éteindre les écrans et lumières fortes au crépuscule, pour se relier aux rythmes circadiens
  • renoncer aux objets connectés (frigo, montre…) qui en plus d’être gourmands en énergie sont néfastes pour notre santé en raison des pollutions électromagnétiques

Gestes collectifs : revoir l’usage de l’électricité à l’échelle d’une commune

  • décider collectivement d’extinctions nocturnes (22h–5h suffisent l’argement en été) dans certaines rues ou villages, en tenant compte des saisons
  • créer une cartographie sensible des zones électrosensibles ou propices au ressourcement (sans ondes, sans éclairage, sans réseaux enterrés perturbants)
  • former un groupe énergie régénérative dans la commune pour penser les usages autrement qu’en kWh
  • inviter des artisans ou low-tech makers à animer des ateliers de fabrication d’alternatives solaires douces (lampes à énergie humaine, petits panneaux pour usage limité, chauffe-eau solaire simple, etc.)
  • concevoir une charte énergétique régénérative pour toute nouvelle installation (incluant géobiologie, écoute du lieu, usage raisonnable, beauté, silence, lien)

 

Ce sont des actes discrets, mais puissants.
Des gestes qui tissent du lien.
Des façons d’écouter les lieux avant d’y intervenir.

Réhabiliter le lien : une métamorphose énergétique

boy and girl playing on three tree log

Réensauvager nos imaginaires, ce n’est pas rêver d’un ailleurs idéalisé.
C’est réhabiliter l’émerveillement comme source de discernement.
C’est retrouver la conscience que chaque territoire est une trame vivante, que chaque projet énergétique devrait honorer — et non défaire.

Cela passe par une transition intérieure.
Par un ralentissement.
Par la reconnaissance des savoirs sensibles, longtemps marginalisés.

Cela suppose que l’on ose dire non.
Non aux projets connectés déconnectés de la vitalité 
Non aux logiques d’urgence qui écrasent le vivant.
Non aux décisions prises sans concertation, sans écoute, sans enracinement.

Mais aussi :
Oui aux lieux qui respirent.
Oui aux formes d’énergie en dialogue avec les territoires.
Oui aux collectifs qui réinventent, sur le terrain, des manières d’habiter autrement.

Nous n’avons pas besoin d’un “mix énergétique”.
Nous avons besoin d’une métamorphose énergétique.
Une réorientation de notre regard, de nos choix, de nos manières d’être au monde.

Réensauvager nos imaginaires, c’est faire le pari du lien.
C’est croire que d’autres formes d’intelligence sont possibles —
et qu’elles poussent, déjà, dans les interstices.

Conclusion : Pour une écologie qui relie et reste fidèle à ce qui est vivant

Le vrai courage, aujourd’hui, ce n’est pas d’accélérer la transition.

C’est de remettre en question ce qu’on nous a appris, même si c’est “green”.

Le vrai changement ne commence pas dans les technologies.

Il commence dans notre manière d’être en lien avec la Terre.

Avec les lieux.

Avec ce qui ne parle pas dans nos comités de pilotage.

En tant que slowpreneurs, je, tu, nous portons une responsabilité particulière.

Nous ne sommes pas là pour suivre le mouvement, mais pour le questionner.

Pas pour “performer” la durabilité, mais pour l’incarner.

Pas pour scaler des solutions, mais pour réenraciner la vision.

Notre rôle, c’est d’ouvrir des espaces de discernement, de relier l’invisible au concret, de redonner leur juste place aux savoirs anciens, aux sensations fines, aux rythmes oubliés.

Nous avons besoin d’une écologie intérieure et relationnelle.

Pas d’une nouvelle couche verte sur les logiques de domination.

Pas d’une transition vendue en slides et en slogans.

Le slowpreneuriat et l’engagement citoyen ne sont pas des postures molles.

C’est une résistance douce et radicale.

Un engagement à oeuvrer autrement, sans écraser, sans forcer, sans couper les liens.

À choisir l’écoute plutôt que le bruit.

A devenir artisan·e d’un monde qui régénère, plutôt que rouage d’un système qui exploite.

À rester fidèle à ce qui est vivant, en nous, autour de nous, malgré tout.

Ce n’est pas rien.

C’est là que tout commence.

On s'y met?

Si cet article résonne en toi, c’est peut-être que tu ressens, toi aussi, un écart entre ce qu’on te dit de faire pour “agir pour la planète”… et ce que ton corps, ton intuition, ton lien au vivant te murmurent.

Dans le prochain article je partagerai des solutions pour protéger la vie, dans les situations où les panneaux sont déjà en place.

Ressources

L'auteur

Image de Emilie Grau

Emilie Grau

Entrepreneure engagée, exploratrice du slowpreneuriat et des voies régénératives et holistiques et écospirituelles depuis 2008.

Elle accompagne des créateur·ices, entrepreneur·es et collectifs à entreprendre au rythme du vivant, avec Les Slowpreneurs et à incarner une approche écosystémique et des cultures régénératives avec re:storied

Formée à la géobiologie en 2015, avec Franck son compagnon, elle développe une approche sensible des lieux, attentive aux pollutions vibratoires et électromagnétiques, et aux liens subtils entre humains, territoires et cycles naturels.