juillet 6, 2025

Marche citoyenne pour le Vivant et contre le projet de parc photovoltaïque flottant sur le lac de Peyralade

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Cet article a été rédigé en collaboration avec l’équipe de lassociation Environnement Roquecor et Pays de Serres, dont les objectifs sont la lutte contre l’industrialisation de la campagne, l’artificialisation des sols, la destruction de notre cadre de vie. Plus généralement, l’association et ses membres agissent en faveur de la préservation de l’environnement et de la biodiversité, pour que la concertation citoyenne lors de projet de transition énégergétique qui impact le patrimoine paysager et la qualité de vie de tous (au profil de l’agorvolatïsme industriel qui profite à une poignée de propriétaires terriens)

Dimanche 22 juin 2025, sous un ciel doux de début d’été, soixante-dix personnes se sont rassemblées autour du lac de Peyralade, à l’appel de l’association Environnement Roquecor et Pays de Serres.

Nous étions là pour une randonnée de contestation, pour affirmer notre attachement au Vivant, et résister à l’industrialisation silencieuse de nos paysages sous prétexte de transition verte : une centrale photovoltaïque flottante de six hectares, projetée par la société H2air.

Le prétexte d’une zone “artificialisée”

Le principal argument avancé par les promoteurs du projet : le lac, en tant que retenue d’eau, serait déjà “artificialisé”, donc éligible, selon les critères gouvernementaux, aux normes d’implantation de panneaux solaires. Une compensation financière est même évoquée pour les membres de l’ASA (Association Syndicale Autorisée), propriétaire du site.

Mais cette logique technocratique et comptable ignore une réalité bien plus subtile : ici, en 40 ans, la nature a repris ses droits. Le lac et ses abords sont redevenus un refuge pour le vivant, humain et non-humain. Et c’est précisément cela que l’on risque de perdre avec ce dispositif industriel. 

De quelle transition parlons-nous, si elle détruit ce qu’elle prétend protéger ?

Une concertation à sens unique

Le projet a été détecté par des habitant·es attentif·ve·s, intrigué·es par la présence inhabituelle de techniciens. Une première réunion informelle en février ne les avait pas convaincus.

Face à la résistance locale, les porteurs du projet ont organisé en urgence une réunion publique d’information, accompagnée de tracts. Sous couvert de concertation, le discours se voulait rassurant : écologique, collectif, inoffensif. Mais, nous les habitant·e·s ne sommes pas dupes : derrière les éléments de langage, une logique extractive se déploie, déguisée en solution d’avenir pour la planète..

Méconnaissance du territoire, ton condescendant, présentation bancale d’H2air…tout ceci a contribué à renforcer notre mobilisation. 

Le permis de construire, initialement prévu pour fin 2025, aurait été repoussé de neuf mois. Artifice de communication ou véritable recul ? Impossible à dire. Mais une chose est sûre : notre présence dérange, notre vigilance freine leur avancée. La résistance citoyenne fissure l’illusion d’une “acceptabilité sociale” pour un projet contre-nature. Restons vigilant·es  !

À noter également : le maire de Roquecor aurait été informé du projet depuis début 2024, sans en informer ni le conseil municipal, ni les habitant·es. Ce silence et ce manque de transparence interrogent. 

Quelle est cette démocratie qui repose sur l’opacité, le manque d’information, de débat et de consentement ?

Un danger bien plus vaste : le poste source de Roquecor

Au-delà du lac, c’est tout un territoire qui est concerné.

Le projet de poste source à Roquecor (près du moulin) qui va de pair avec l’implantation d’un site photovoltaïque sur notre commune, est la clef de voûte d’un plan d’industrialisation de grande ampleur, qui convertirait nos paysages vivants en pôle industriel de production énergétique : une fois ce poste installé, toutes les centrales photovoltaïques de la région, certaines allant jusqu’à 150 hectares, pourront s’y raccorder.

Ce qui se joue ici n’est pas un cas isolé. C’est une stratégie industrielle, qui pourrait défigurer les paysages et altérer le bien-vivre sur notre territoire.
Ce qui s’est déjà produit au Portugal ou dans d’autres régions françaises pourrait bien se reproduire ici : le réseau haute tension est déjà en place, les cartographies des terrains “optimaux” existent, et la démultiplication des projets autour d’un poste source suit une logique implacable.

Une logique d’occupation et de quadrillage, motivée par la rentabilité logistique bien plus que par une véritable transition.
Le tout sans considération sensible pour le Vivant.

Mobilisons-nous, car ces installations, qui enlaidissent le paysage, affectent également le moral, le tourisme, la valeur de nos maisons. 

Et surtout, elles abîment notre relation au vivant. Elles troublent notre capacité à nous relier aux lieux, à ressentir, à nous ressourcer. Chaque installation de ce type grignote un peu plus les havres de paix, ces précieux lieux-ressource où l’on peut encore respirer, contempler, se sentir vivant.  

Souhaitons-nous vraiment qu’ils disparaissent, les uns après les autres, au nom d’un progrès mal orienté ?

Souhaitons-nous plus de perte de biodiversité, plus de stress chronique, plus de troubles liés à l’artificialisation de nos milieux de vie ?

Ces questions doivent être posées, car les effets à long terme de ces installations sont encore largement sous-estimés.

poste sourceVoici à quoi ressemble un poste source.

Un appel à la vigilance et à l’action

Il est essentiel que chacun·e prenne la mesure de ce qui se joue.
Notre territoire est déjà largement artificialisé par l’agriculture intensive.
Nos prairies, nos lacs, nos forêts ne sont pas seulement des décors ou des outils de production.
Ils sont des lieux d’interdépendance, d’appartenance, de régénération et de mémoire collective, écologique et émotionnelle. 

Nous, citoyen·nes, habitant·es, agriculteur·ices, ne sommes ni propriétaires, ni spectateurs·rices de ces territoires.
Nous en sommes les gardien·nes, les intendant·e·s d’un équilibre fragile et précieux.
Si nous ne nous mobilisons pas, ce paysage risque de devenir une zone industrielle de production d’énergie dite renouvelable, une mutation profonde, irréversible, et surtout incohérente avec les promesses qu’elle brandit.

Ensemble, tissons un nouvel imaginaire rural plus vivant

Parler, relier, ralentir, transmettre, occuper : chaque geste compte.

Les mobilisations citoyennes ne sont pas des caprices, mais des actes de résistance poétique. Elles rappellent que le territoire n’est pas une ressource, mais une relation. Elles ouvrent des brèches et réenchantent nos imaginaires ruraux.

Ce dimanche, autour du lac, il s’agissait d’être là, tous ensemble. D’écouter, de marcher, de partager un repas aux senteurs ibériques préparé dans la convialité par les bénévoles de l’association environnement Roquecor et Pays de Serres. Il s’agissait aussi d’habiter autrement la ruralité, que nous y soyons né·e·s ou que nous l’ayons choisie. Et de refuser, tout simplement, de tomber dans le panneau. L’énergie que nous défendons n’est pas uniquement électrique.
C’est celle du lien, de la beauté, du soin que nous portons à nos lieux de vie.

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Image de Emilie Grau
Emilie Grau

Entrepreneure engagée, exploratrice du slowpreneuriat, ainsi que des voies régénératives, holistiques et écospirituelles depuis 2008.

Elle accompagne les créateur·ices, entrepreneur·es et collectifs à entreprendre au rythme du vivant, avec Les Slowpreneurs et à incarner une approche écosystémique et des cultures régénératives avec re:storied .

Formée à la géobiologie il y a près de dix ans, aux côtés de son compagnon Franck, elle avait jusqu’ici réservé cette approche à sa vie personnelle, en lien avec son habitat et les lieux qui l’entourent. Aujourd’hui, face aux enjeux écologiques croissants dans le Quercy — usage persistant de pesticides et projets agrivoltaïques — elle ressent l’élan de mettre ces savoirs au service du collectif.

À travers le projet Imuna, elle déploie une approche sensible du lien aux lieux, attentive aux pollutions vibratoires et électromagnétiques, et aux relations subtiles entre humains, territoires et cycles naturels. Elle y propose des soins et des espaces de régénération ancrés dans une relation vivante à la Terre.